La gemmothérapie, la « médecine des bourgeons »
Par le Dr Daniel CAROFF, formé à l'homéopathie, la phytothérapie et à la médecine chinoise
Les premiers bourgeons apparaissent déjà sur les arbres, signe que le printemps porteur de renouveau est à nos portes ! Qui ne s’est jamais émerveillé devant ce spectacle magique et renouvelé de l’éclosion de ces jeunes pousses printanières ?! Peut-être est-ce cette observation de l’incroyable force de vie poussant à leur naissance puis à leur croissance qui a inspiré ceux qui sont à l’origine de la gemmothérapie, communément appelée la « médecine des bourgeons » ?
L’histoire dit que le premier à s’être inspiré de ce pouvoir de la nature est Pol Henry, un médecin belge qui, au milieu du 20ème siècle, a développé la « phytembryothérapie » à partir de macérats purs de bourgeons, jeunes pousses ou radicelles.
En France, c’est l’homéopathe Max Tétau qui déploie par la suite l’utilisation thérapeutiques des bourgeons. Des raisons légales l’obligent cependant à diluer les solutions au 1/200. Ce procédé prend alors l’appellation de gemmothérapie, toujours utilisée aujourd’hui (que ce soit pour les formes diluées comme pour celles non diluées).
Les grands principes
Considérée comme une branche de la phytothérapie, la gemmothérapie utilise spécifiquement les tissus embryonnaires frais des plantes, arbres et arbustes, c’est-à-dire les bourgeons, jeunes pousses et radicelles.
Considérons le bourgeon comme un embryon végétal. A ce titre, il porte en lui tout le potentiel de vie et le développement d’un végétal quel qu’il soit, un peu comme s’il était à la fois les racines, les tiges, les feuilles, les fleurs, les fruits mais aussi cette puissante énergie vitale qui pousse à le faire naître et croître. Il contient donc de fait, de fortes concentrations d’éléments actifs comme des hormones, des oligo-éléments, des vitamines, des minéraux, etc.
Cette hyper-concentration de principes actifs extraits des bourgeons et jeunes pousses peut avoir une action thérapeutique très intéressante pour de nombreuses pathologies courantes, chez les adultes comme chez les enfants, à condition de bien respecter la posologie et les dosages.
Macérat ou dilution ?
Macérés dans un mélange d’eau, d’alcool et de glycérine, les embryons végétaux libèrent leurs principes actifs de façon concentrée. La gemmothérapie peut se prendre sous deux formes : en macérat concentré (à se procurer en magasins bio) ou en forme diluée au 1/200 (Laboratoires Boiron).
Posologie
Il est important de bien respecter les dosages selon le type de solution choisie. Ainsi, par exemple :
Pour la prise d’une gemmothérapie diluée au 1/200, un adulte pourra prendre de 75 gouttes par jour en chronique jusqu’à 150 gouttes en phase aigue (voire 300 gouttes durant les 2 ou 3 premiers jours). Pour une prise d’un macérat concentré, la dose quotidienne va de 5 à 15 gouttes par jour pour un adulte. En général, la prise est de 7 gouttes matin et soir.
Concernant les enfants, les remèdes au 1/200 de chez Boiron sont à éviter. Privilégier les produits du type La-Royale ou HerbalGem, des formules plus concentrées. La posologie pour les enfants : une goutte par jour et par année pour les enfants, à partir de 3 ans.
Bon à savoir : Prendre 2 à 3 gouttes revient à prendre moins d’alcool que celui produit dans l’intestin de l’enfant lors de la fermentation d’une banane. De ce fait, si l’enfant est en âge de manger des fruits, on peut tout à fait lui administrer des remèdes à base de bourgeons.
Les bienfaits de la gemmothérapie à travers quelques exemples de remèdes
Airelle (Vaccinium vitis-idaea) En jeunes pousses, l’airelle est intéressante dans tous les troubles du côlon, car elle a une fonction régulatrice sur la motricité du côlon en fonction du problème. En cas d’inertie colique, elle est stimulante, alors qu’en cas de spasmes coliques, elle est au contraire anti-spasmodique. Également action désinfectante au niveau intestinal et urinaire, donc conseillée en prévention e cas de récidives de cystites.
Cassis (Ribes nigrum)
Bon anti-inflammatoire de terrain, activant la production endogène de cortisol par les surrénales. Indiqué dans les inflammations ORL et rhumatologiques
Chêne pédonculé (Quercus pedunculata)
Anti-inflammatoire plus efficace que le cassis pour les adultes d’âge mûr.
Tilleul (Tilia tomentosa)
Le bourgeon du tilleul à fleurs argentées a des propriétés neurorégulatrices. Une expérience sur l’animal a montré qu’il accroît très notablement les capacités d’endormissement. Il agit comme un inducteur de sommeil dépourvu de toxicité et de risque de dépendance. Il peut donc être pris par des sujets fragiles : femmes enceintes, enfants, personnes âgées. A noter que Tilia tomentosa a aussi une action anxiolytique marquée, beaucoup plus forte que l’infusion de tilleul.
Romarin (Rosmaninus officinalis)
En jeunes pousses. Bon draineur du foie, cholérétique (augmentation du flux biliaire), cholagogue (stimule la vidange vésiculaire) et hépaprotecteur.
Séquoia (Sequoia gigantea)
En jeunes pousses, remède anti-sénescent, freine le vieillissement surtout chez les hommes. Agit en particulier sur l’os et sur la prostate (en cas d’adénome de prostate, associer séquoia et cassis).
Ces applications thérapeutiques sont données ici à titre indicatif. Pour une posologie vraiment adaptée à votre problème ou à votre pathologie, le mieux est toujours de se rapprocher d’un bon naturopathe, qui saura vous proposer un traitement basé sur la prise en compte de toute votre personne.
BIBLIOGRAPHIE
- Guide Terre vivante de la naturopathie » du Dr Daniel Caroff (Ed Terre vivante) - « Nouvelles cliniques de gemmothérapie » de Max Tétau (Ed Similia) - « La phytoembryothérapie - L'embryon de la gemmothérapie » des Dr Franck Ledoux et Gérard Guéniot (Ed. Amyris)
Comments